« En entreprise, la transition digitale passe par le changement d’état d’esprit »

"L'étape la plus cruciale dans la mutation digitale passe avant tout par la transformation de l'état d'esprit." (Photo d'illustration)

« L’étape la plus cruciale dans la mutation digitale passe avant tout par la transformation de l’état d’esprit. » (Photo d’illustration)

yoh4nn/Istock

Les nouvelles technologies font désormais parties de notre quotidien en entreprise. Pour Bruno Bonechi, directeur général d’une entreprise de consulting, il est impératif de s’adapter, au risque de perdre son emploi ou de voir sa société disparaître.

Le digital est devenu un sujet récurent qui engendre de nombreux débats. Certains le décrivent déjà comme la troisième révolution industrielle. Les facteurs numériques impactent notre vie de tous les jours: fréquentation des réseaux sociaux, utilisation courante de tablettes et de mobiles… Pourtant, une fois arrivées en entreprise, ces tendances numériques peinent à s’instaurer.

La société est en avance sur les entreprises. La transformation digitale change les équations du marché du travail et les modèles économiques. A la croissance quantitative d’hier, dont le but était de créer de la valeur pour l’actionnaire, se substitue une croissance de transformation qui n’est pas linéaire. L’enjeu est de maîtriser cette croissance de transformation. En effet, selon un programme de recherche mené par le MIT, les entreprises qui ont su saisir les opportunités de la transformation numérique ont 26% de profits de plus que la moyenne.

Ne pas créer l’impasse sur l’humain

Quelles que soient les nouvelles stratégies du numérique, les nouvelles plateformes technologiques ou les nouveaux outils du digital mis à disposition, rien ne pourra être fait si les dirigeants ne souhaitent pas s’adapter et se transformer afin d’accompagner leur organisation dans cette nouvelle mutation.

La vision et la stratégie d’entreprise -qui se limitent à un point de vue technologique tels que le Big Data, le Blockchain, les nouvelles technologies interactives, etc.- crée l’impasse sur l’humain. L’innovation est aussi psychologique. L’étape la plus cruciale dans la mutation digitale passe avant tout par la transformation de l’état d’esprit. Hier analogique, il se doit de devenir numérique pour s’adapter aux innovations qui viennent perturber notre quotidien et pour amener plus d’efficacité et de qualité. Cet état d’esprit « digital » est l’essence même de la transformation numérique.

Il se doit d’être positif compte tenu de l’impact qu’aura cette transformation sur l’ensemble des collaborateurs, des dirigeants aux opérationnels. Toutes les entreprises, petites, moyennes ou grandes, auront un temps d’adaptation plus ou moins difficile. L’apport des nouvelles stratégies et technologies du numérique sera créateur de valeur pour l’entreprise -et répondra aux nouvelles attentes des clients- mais l’humain devra s’adapter aux nouvelles façons d’interagir avec ses clients et ses collègues et aux nouveaux canaux de distribution de son entreprise.

Créer une modernité altruiste

Il faut évoluer d’une culture de la maîtrise vers une culture du lâcher-prise. Il y a un effort important de formation à réaliser auprès des équipes dirigeantes des entreprises, mais aussi des responsables syndicaux. Il faut aborder cette transition comme un processus de construction créative. Les ateliers et séminaires éducatifs aident à comprendre l’ensemble du paysage numérique ainsi que l’intérêt d’une telle transition, pour l’individu comme pour l’entreprise. Plus les gens seront informés sur les nouvelles initiatives, moins il y aura de résistance.

Lors des révolutions industrielles passées, les changements économiques ont entraîné des conséquences violentes (pertes d’emploi, mutation des activités, tertiairisation des métiers…). L’adaptation des actifs d’aujourdhui est impérative tant l’évolution digitale est rapide. Malgré tout, la transformation digitale présente plus d’opportunités que de risques. La voir autrement serait une erreur. Il faut savoir repenser la chaîne de valeur et créer une modernité altruiste.

A l’heure où il est vital d’attirer, de fidéliser, d’encourager et de faire participer les talents, aborder cette habileté digitale doit devenir un réflexe crucial. Elle permettra de favoriser l’employabilité des collaborateurs, d’accroître l’adhésion et de proposer une organisation plus ouverte et transverse. Peu à peu, les transformations digitales seront encouragées et acceptées, les nouvelles technologies seront réclamées et utilisées efficacement, et la disruption digitale évoluera finalement en véritable innovation numérique.

Par Bruno A. Bonechi, directeur général de Prodware Business Consulting.